Sandra Volny
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Jeudi 8 septembre 2016
Vendredi 9 septembre 2016
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À l’origine, dédié exclusivement à la photographie, Dazibao s’est inscrit d’abord dans cette mouvance où l’image se définissait par son potentiel documentaire, comme manière de comprendre le monde et par extension d’agir sur lui. Cette approche a rapidement été traversée par moultes questionnements théoriques autour des mécanismes de production des images et de ses usages. Activées davantage par les modus operandi de l’image ainsi que par ses formes nouvelles – vidéo, numérique –, les œuvres produites dans ce contexte se sont parfois quasi évidées de tout désir de représentation.
Loin du constat affirmant une faillite de l’image et affranchis de ce discours autour de son statut ou de sa nature, certains artistes sont d’abord préoccupés par ce que les images peuvent véhiculer… ou non. Dans un monde obnubilé par sa représentation, ces œuvres installent des temps et des conditions de réception qui diffèrent des images médiatiques et sont animées par le désir de montrer sous un jour nouveau des faits ou des récits normalement passés sous silence, sinon habituellement soustraits au regard public.
Ali EL-Darsa, Gabriela Golder, Roberto Santaguida et Sandra Volny proposent quelques approches singulières de ce qui pourrait être unenouvelle vague du documentaire. Une forme documentaire qui travaille souvent par cumul, qui en multipliant les points de vue et en associant plusieurs idées cherche une certaine vérité.
F.C.
Artiste sonore, Sandra Volny travaille également la vidéo, l’installation et la performance. Les espaces sonores – la spatialisation du son, la création de paysages sonores – sont au centre de ses recherches. Souvent Volny utilise le son comme élément déclencheur permettant à l’imaginaire collectif et individuel de se manifester. Ses projets examinent la dualité inhérente au son. Une dualité qui positionne le son à cette intersection entre l’acoustique et le visuel, entre ce que l’on entend et l’image que l’on s’en fait. Dans son travail, elle s’intéresse tout particulièrement à ces occurrences où la conscience qu’a un individu de son environnement se construit par le biais du son.
Sandra Volny poursuit actuellement des études à l’École doctorale Arts Plastiques, Esthétique et Sciences de l’Art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son travail a été présenté, entre autres, au raumLABOR – 267 Quartiere für zeitgenössische Kunst und Fotografie à Braunschweig (Allemagne), à la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen (Montréal), à la Fonderie Darling (Montréal) et à la Galerie Michel Journiac (Paris). Elle est cofondatrice de Triangular Project, un collectif itinérant, avec les artistes Florine Leoni et Macarena Ruiz-Tagle.
Where does sound go, where does it come from est une installation vidéo et sonore qui explore la frontière – voire le point de tension – entre le son et la vision, entre ce qui est vu et ce qui ne peut être vu mais entendu seulement. L’installation alterne entre voir/entendre et écouter/visualiser en s’appuyant sur le bruit blanc de l’océan comme espace auditif d’où émergent des récits appartenant tantôt à l’imaginaire individuel et parfois à l’histoire collective.
Alors qu’elle était en résidence à la baie de Coliumo, Chili, Volny s’est intéressée aux différents modes d’orientation des pêcheurs locaux. Elle constate que ces derniers sont capables de naviguer dans les conditions hasardeuses, sombres et brumeuses de la côte du Pacifique en se fiant à peu près exclusivement au son. Intriguée par cette découverte, Volny réalise une série d’entrevues dans lesquelles elle fait écouter aux participants des enregistrements réalisés sur la côte. Les pêcheurs locaux y dévoilent la capacité de géolocaliser avec précision les baies, côtes et péninsules en écoutant l’écho des vagues contre les rochers. Au-delà du travail très sophistiqué autour du son, c’est aussi par le contexte social et politique dont elle dresse le portrait que l’œuvre de Volny intéresse. Ces pêcheurs qui travaillent dans des conditions extrêmement rudimentaires ont su développer des habiletés si fines, ajoutées à la mémoire des lieux, qu’elles rivalisent en acuité avec les technologies de la pêche industrielle. Une équation troublante dans la mesure où ces pêcheurs artisanaux sont menacés tant par les impératifs économiques des grands chalutiers que par les impératifs écologiques visant la conservation du littoral. L’œuvre de Volny, au-delà de l’imaginaire que déploie le son, témoigne aussi d’une identité culturelle et d’un mode de vie que l’on devine fragiles.